1937, exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne.

25 mai- 25 novembre, durée 185 jours.

11 000 exposants, 31 040 955 visiteurs

Champ de Mars, colline de Chaillot, esplanade des Invalides, carré Marigny, Cours La Reine, quai de Tokyo et bord de Seine. Annexes au parc Kellerman, porte Maillot, porte Saint-Cloud, et parc de Sceaux pour l'art des jardins.

    En 1928, fut créé le Bureau international des expositions (site du B.I.E.) qui, depuis cette date, codifie et réglemente ces rassemblements internationaux. Jusque-là, chaque pays avait toute liberté d’organiser sa représentation lors de l’exposition comme bon lui semblait. À partir de 1928, c’est le B.I.E. qui sélectionne le pays organisateur parmi les candidatures qui lui sont soumises. Arbitrant les concurrences entre pays, il organise une roulement cohérent et le calendrier des expositions futures.

paris exposition 1937

paris exposition internationale 1937


    L’expo internationale de 1937 est programmée dés 1934 et c’est le tout nouveau gouvernement du Front populaire, élu en mai 1936, qui inaugure dans les gravats et la discorde nationale l’Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne.
Les tensions entre le patronat et le Front populaire retardent les travaux d’édification des pavillons. Les trois-huit ne sont pas appliqués, les heures supplémentaires ou même les quarante heures sont des concepts qui sont encore inconnus. Cette dernière rencontre internationale organisée par Paris restera dans les mémoires comme le grand ring où vont s’affronter les idéologies fascistes, communistes et pacifistes.


Extrait de : "La France de l'entre-deux guerres"


    «L’exposition sera ouverte à toutes productions qui représenteront un caractère indiscutable d’art et de nouveauté », tel est le thème général de la manifestation, qui exclue de fait les traditionnels pavillons sur l’artisanat et l’industrie des expositions précédentes. Celle de 1937 est un gigantesque concours d’architecture, préfigurant en cela toutes celles qui se tiendront après-guerre.

paris exposition 1937 train electrique

Le petit train électrique devant le Trocadero.


    Tournant irrémédiablement le dos au passé et à l’auto-commémoration, la jeune génération des architectes a les coudées franches et une mission : frapper l’imagination des foules. Le nouveau Palais de Chaillot, qui remplace le Palais du Trocadéro datant de 1878, et le Musée d’Art Moderne resteront les principaux témoins de cette époque perturbée, où le gouvernement du Front populaire opposé au Sénat ne parvient pas à imposer la vision d’une France forte.

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    Les visiteurs sont surtout interpellés par le face-à-face de deux bâtiments imposants, au pied du Trocadéro – achevé pour sa part plusieurs jours après l’inauguration. Ces deux pavillons, en place plusieurs semaines avant l’ouverture de l’expo au public, sont ceux du IIIe Reich et de l’URSS, surmontés de sculptures colossales. « L’ouvrier et la kolkhozienne » du pavillon de l’URSS semble défier l’aigle nazi qui surplombe la place de Varsovie. La statue russe réalisée par Véra Moukhina en acier inoxydable pèse 65 tonnes et a été remontée à Moscou où elle trône aujourd’hui à l’exposition permanente des réalisations de l’industrie et de l’agriculture soviétique.

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A gauche le pavillon de l'URSS, à droite el pavillon de l'Allemagne nazie.

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Sur commande de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité, Raoul Dufy peint « La Fée Electricité » pour le pavillon de la Lumière ; on peut aujourd’hui admirer cette œuvre au Palais de Tokyo.

    Le Corbusier construit le pavillon du Temps Nouveau. Charles Loupot, Cassandre (Du bo, du bon, Dubonnet), Robert Falcucci exposent leurs affiches au Palais de la Publicité. Picasso expose Guernica, commandé pour le pavillon de l’Espagne Républicaine. Fernand Léger peint « Le Transport des Forces » présenté au palais de la Découverte.

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Guernica par Pablo Picasso

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Dubonnet par Cassandre et St Raphael par Loupot.


    Trente millions de visiteurs participent à la fête où 44 nations ont été conviées. Les véhicules électriques améliorés – ils étaient apparus la première fois pour l’exposition coloniale de 1931, sillonnent le site et il en coûte 5 francs de prise en charge et 50 centimes la minute pour se déplacer à bord de ces voitures à 3 places. Un petit train électrique sur pneus parcourt l’exposition et des bateaux hydroglisseurs tout nouvellement inventés font la navette sur la Seine.
    Au bout de l’île aux Cygnes, qui accueille les pavillons des colonies françaises, on fait pivoter la réplique de la statue de la Liberté de Bartholdi – offerte en 1889 par les Français vivant aux États-Unis pour le centenaire de la Révolution –, afin qu’elle regarde vers son illustre original de l’autre coté de l’Atlantique.

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    Les plus belles locomotives à vapeur et électriques, ainsi que leurs wagons, sont exposées sous la gare des Invalides, construite pour l’exposition de 1900. La fine fleur des conducteurs de trains a fait le voyage depuis la Pologne, l’URSS, l’Allemagne, et les régions de France.

    Ce n’est pourtant pas faute du spectacle qu’offrent les 300 pavillons, mais le glas est sonné et les expositions d’après-guerre ne rivaliseront pas avec leurs aînées. La télévision, le brassage des informations, les vacances à l’autre bout du monde ont participé à la transformation de ce type de manifestation. À l’exposition universelle de Séville en 1992 la France a dépensé 350 millions de francs pour bâtir son pavillon qui a ensuite été revendu 1 franc symbolique ; pour celle de Hanovre de juin à Octobre 2000, la France n’a pas cédé autant d’argent, mais a délégué à Décathlon, une enseigne sportive, la construction d’un pavillon destiné à rester sur place. Néanmoins, 70 millions de visiteurs ont parcouru les allées de l'Expo Shanghai en 2010.

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