La France couronnant de lauriers l'Art et l'Industrie dans la parc de Saint-Cloud

1855, la construction du Palais de l'Industrie.


    Le Palais de l’Industrie se composait de quatre façades percées d’une double rangées de fenêtres, portant inscrit sur les frises les noms d’un grand nombre de bienfaiteurs de l’humanité.
    La façade du nord, sur les Champs, était décorée en son milieu d’un portique à pilastres et à colonnes en forme d’arc de triomphe orné de sculptures et surmonté d’une Gloire tenant dans ces mains des couronnes : « La France couronnant de laurier les Arts et l’industrie ». La France, debout, sculptée par Elias Robert dans le plus pur style néo-grec, mesurait 6 mètre de hauteur et maintenait deux couronnes de laurier, au-dessus des têtes de l'Art et de l'Industrie, nonchalamment assises de part et d’autre.
    A l’intérieur, la France occupait la partie à droite de la nef en entrant, Les pays étrangers se partageant l’autre moitié. Les œuvres les plus imposantes, comme les fontaines, les statues colossales, les phares, les buffets d’orgue et les bronzes d’art trouvaient leur place au milieu de l’édifice, là où la verrière était la plus haute. Sous cette toiture de verre, étaient suspendus les étendards aux couleurs et aux armes  de toutes les nations. Ils signalaient ainsi aux visiteurs qu’ils allaient successivement parcourir les allées de la France et de ses colonies, puis visiter les Etats-Unis d’Amérique, la Bavière, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Angleterre et ses colonies, la Grèce, le Mexique, la Hollande, la Prusse, l’Italie, la Suède et la Norvège, la Suisse, la Perse, l’Egypte, la Chine, et la Turquie. Pour cause de guerre de Crimée, la Russie n’était pas présente en 1855 à Paris.


Palais de l'industrie 1855


Une annexe des beaux-arts fut édifiée par M. Lefuel, avenue Montaigne. Sur 10 mètres de longueur et 72 de largeur, ce pavillon indépendant du palais de l’industrie abritait 5000 objets dont 2700 uniquement pour la France. La façade principale formait un hémicycle dans lequel se dessinaient 7 baies couronnées d’archivoltes de style mauresque. En entrant, le visiteur pouvait admirer les œuvres danoises, suédoises, italiennes et américaines. Les peintres Delacroix (35 toiles), Ingres, (40 toiles) ,  Horace Vernet (22 toiles) et Descamps (60 tableaux et dessins) jouissaient chacun à leur propre salle.

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Elias Robert (Etampes 1819 - Passy 1874)

.La France courronnant l'art et l'industrie Robert.


La France couronnant les Arts et l’Industrie.


    Elias Robert, élève des sculpteurs David d’Angers et James Pradier, expose pour la première fois au salon des Arts français de 1845. Il obtient une médaille au salon de1847 pour une statue de marbre, « L’Enfant Dieu », dont l’état se porte acquéreur. Robert est proche des milieux Bonapartistes. Par la suite les commandes officielles se succèdent. En 1851, l’Empereur lui commande deux cariatides, l’Art et la Science, pour la nouvelle entrée de l’école des Arts et Métiers.
    Il participe à l’embellissement de Paris voulu par le baron Haussmann, Préfet de Seine, qui remanie en totalité la capitale entre 1853 et 1870. Elias Robert réalise en 1854-1855 deux cariatides du pavillon Denon au Louvre et, la même année, le fronton du palais de l’Industrie de l’Exposition Universelle qu’on peut voir aujourd’hui sur une pelouse du parc de Saint-Cloud. En 1857, toujours pour le Louvre, il réalise les statues de Jacques Cœur (1395-1456), de François Rabelais (1494-1553), une allégorie de la science et de l’industrie pour la grande cour Napoléon et une statue plus petite de Phryné pour la cour Carré.

Platre de la France

Un plâtre préparatoire de la France, qui fut refusé. La France sera finalement debout.


    Les œuvres de Robert ponctuent une promenade parisienne insolite : une allégorie de la justice sur la fontaine Saint-Michel (1860), deux médaillons sur la façade du théâtre de la Ville (anciennement théâtre lyrique) édifié entre 1860 et 1862 sur le même plan que le théâtre du Châtelet qui lui fait face, un groupe sculpté « l’Etude, le Savoir et le Travail »  sur le fronton de l’école des Mines (1863), « La Loi » (1863) sur la façade du tribunal de commerce quai de la Corse, ou encore le « Commerce et l’Industrie » (1866), cette fois sous les traits de dieux antiques encadrant l’horloge des Magasins Réunis, place de la République. On découvrira aussi « L’Industrie et l’Agriculture » (1867) qui ornent la cour des départs de la gare d’Austerlitz  et deux cariatides (1870)  qui supportent le portail ouest de l’Opéra Garnier de Paris.
    La chute du Second empire, en 1870, fit disparaître la principale source de commandes  d’Elias Robert qui réalise alors nombre de bustes et de portraits pour le compte de riches particuliers. Le musée d’Etampes lui consacre une part importante de ses expositions, grâce à la veuve du sculpteur qui, en 1874, fit don de ses œuvres à la ville.

La France couronnant l'art et l'industrie

La France de Elias Robert à Saint-cloud

La France aujourd'hui et en 1906.

    Le fronton monumental du palais de l’industrie resta en place jusqu’en 1899, date à laquelle le palais de l'Industrie sur les Champs-Elysées fut détruit pour laisser place au Petit et au Grand Palais édifiés pour l’Exposition Universelle de 1900. Par arrêté en date du 25 novembre 1899, « les sculptures ci-après désignées – groupe de couronnement, par Elias Robert, deux groupes d’enfants, par Diebold – provenant de la façade de l’ancien palais de l’industrie ont été affectés, à titre de dépôt, à la décoration du domaine de Saint-Cloud… Les frais de dépose et de transport seront, ainsi qu’il a été convenu, à la charge du Commissariat général de l’Exposition de 1900.»

. La France de Diebolt à Saint-cloud

   Il semble que durant ces manipulations, les morceaux furent mis à rude épreuve, et ils arrivèrent à Saint-Cloud en piteux état. Par ailleurs bien que ce soit prévu dans son devis pour la commission de l'exposition  de 1900, l'entrepreneur refusa, dans une lettre datée du 15 février, de s'occuper du transport de ce puzzle encombrant.
   

Destruction palais industrie 1900

Finalement déposés, on ne sait dans quelles conditions, sur la pelouse en bas du parc, les morceaux nécessitaient quelques soins avant d'êtres remontés. Le sculpteur Jonchey fut commandité pour réparer certaines parties, la tête de la figure principale, la jambe drapée d'une femme couchée, d'autres fragments de draperies, de bras et de jambes.

Patit palais en construction

Une campagne de restauration eut lieu dans les années 20, la tempête de décembre 1999 décapita la statue de l'Industrie, une nouvelle campagne de restauration est prévue.

Elias Robert